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Les vacances en temps de guerre




Ma fille et moi sommes parties, en décembre dernier, célébrer son anniversaire à Eilat. Nous avons quitté la dense région du Sharon pour entamer une traversée du désert dans un paysage azur, ocre et vertigineux sur les routes sinueuses des hauteurs arides. Une recherche infructueuse de cafés ouverts et une pause sommeil au bord de la chaussée sont les seuls incidents qui ont marqué notre voyage. À l’approche de la ville, la géolocalisation nous indiquait que nous nous trouvions au Caire. L’armée l’avait brouillé pour entraver les manœuvres de nos ennemis — dans cette région, les Houthis du Yémen. Cette tactique a réussi à perturber mon sens de l’orientation déjà peu développé. Le premier moment de désarroi passé, Noa a pris les commandes et nous a menées à notre hôtel, non sans parsemer ses instructions de remarques narquoises à mon égard. J’ai riposté en soulignant sa distraction qui nous a causé quelques détours.

La ville se prélassait entre mer et contreforts rocheux. Ce premier contact radieux dissimulait tristesse et abandon. Notre hôtel logeait des réfugiés qui, après les événements du 7 octobre, avaient fui les alentours de Gaza. La promenade d’habitude bondée était déserte, ainsi que les magasins et les restaurants aux devantures brillantes, vides comme autant d’aquariums décimés.

Les dauphins fréquentaient toujours leur plage de prédilection et sont venus nous saluer, avec leurs dos ronds et leurs becs fendus d’un large sourire. Il ne reste plus, hélas, que trois femelles. Les coraux, malgré quelques magnifiques spécimens de poissons multicolores, paraissaient eux aussi en mauvais état. Nous sommes allées nous tremper dans les piscines d’eau salée et avons tenté le massage flottant, une expérience transcendantale et voluptueuse. Le temps était doux, la mer, belle, et l’absence de touristes seyait à notre envie de silence.

La ville abandonnée nous avait conquises et c’est avec regret que nous l’avons quittée. Comment prendre des vacances sur fond de guerre ? Des réfugiés, de jeunes soldats tués et des civils innocents toujours prisonniers du Hamas… Ces précieux moments de plaisir partagé nous donnent pourtant la force de tenir bon. Les fêtes de Pâques approchent et, avec elles, un espoir de libération. Puissent-elles nous apporter celle de nos prisonniers, et celle de tout le peuple d’Israël, avec l’arrêt de cette guerre et l’avènement d’élections.


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