Quand la contrainte libère l’imagination
- L.M. Rapp

- 18 sept.
- 2 min de lecture

Le vide est le plus difficile des points de départ. Les participantes de mon atelier le sentent bien et préfèrent parfois que je leur impose un thème. Non pour brider la créativité, mais pour l’inspirer. Une contrainte évite le vertige et offre un appui, même minuscule, pour que l’esprit commence à vagabonder. Un mot en appelle un autre, une image évoque un souvenir, puis une hypothèse, et déjà l’histoire prend forme. Thibault Malfoy écrit : « l’idée de perfection occulte trop souvent les processus d’improvisation et de sérendipité à l’œuvre dans l’imagination » et « il faut s’abandonner à l’incertitude du bricolage, à l’improvisation. C’est seulement ainsi qu’on devient réceptif aux idées incidentes, aux découvertes fortuites de son imagination. »
Choisir le hasard comme conseiller, s’installer dans l’inconnu et accepter son inconfort. Par deux fois déjà, j’ai écrit les trois quarts d’un roman sans en connaître la fin. Chaque matin amène sa ration de doutes. Et puis, le miracle se produit. De digression en bifurcation, un récit naît, inattendu, mais cohérent, comme pensé à l’avance. En fait, tout est pensé au fur et à mesure et repensé après coup.
J’ai choisi ce sous-titre pour mon bulletin : l’écriture d’un livre, une aventure immobile. Nous partons en exploration sans bouger de notre chaise. Chaque scène ouvre des chemins insoupçonnés et les personnages, d’abord silencieux et flous, se mettent à parler et nous montrent la voie. Parfois, ils refusent d’agir comme on l’avait prévu, et c’est aussi bien : leur insoumission et leur spontanéité épicent le récit d’originalité.
Alors oui, les contraintes sont des alliées. Elles transforment l’angoisse du vide en tremplin, elles permettent de déclencher le mouvement et d’entrer dans l’aventure. Une fois lancé, il ne reste qu’à accepter de se perdre un peu pour mieux se découvrir.
À bientôt,
Laurence M. Rapp





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